Courrier d’Abondance - N•4
Redonner un sens sacré au silence.
Après le premier épisode de podcast sur la perte de sens, qui a introduit le sujet du silence, il me paraissait essentiel d’apporter des clés-solutions pour transmuter le regard négatif que nous avons porté sur le silence, et désamorcer l’alerte rouge que notre système nerveux nous envoie sous forme de tension chaque fois que nous sommes confrontés à tout ce qui est lié à lui.
Premièrement, je pense que nous devons redéfinir le silence et lui redonner une place sacrée dans notre réalité, surtout en cette époque où tout nous pousse à apprécier le bruit.
Le mot silence en français vient du latin silentium, qui signifie « état de celui qui se tait, absence de bruit ».
Le latin silentium est dérivé de l’adjectif silens (participe présent de silere = « se taire, être tranquille »).
Silere n’a pas d’étymologie latine claire : il est considéré comme d’origine indo-européenne.
On le rapproche de la racine indo-européenne *sī- / siH-, qui exprime l’idée de repos, d’immobilité, de laisser reposer.
Cette racine a aussi donné en grec ancien des mots comme ἡσυχία (hêsukhía) = « tranquillité, repos, calme », même si ce n’est pas un lien direct avec silere.
Le silence à travers les cultures
Pour aller plus loin, j’ai voulu comprendre la profondeur de ce concept. Car avant les mots qui aujourd’hui divisent, il y a l’archétype. Et l’univers, lui, s’exprime par des formes. Quand on observe le monde à travers ses formes, on perçoit l’essence de ces concepts derrière toutes les religions, toutes les cultures, toutes les traditions, et l’on peut alors les assembler entre elles.
Je suis donc allée chercher ce que vaut réellement le silence : qu’en disent les cultures et courants religieux ?
1. Tradition judéo-chrétienne
Bible hébraïque : Le silence est souvent lié à la présence de Dieu. Le prophète Élie rencontre Dieu non pas dans l’orage ou le feu, mais dans « le murmure d’un fin silence » (qôl demamah daqqah, 1 Rois 19:12).
Christianisme :
Les Pères du désert faisaient du silence un chemin d’ascèse : il purifie, il ouvre à l’écoute de la Parole.
Dans la liturgie, des moments de silence marquent la contemplation, l’accueil de l’Esprit.
Spirituellement, le silence est un espace où l’âme peut « entendre » Dieu, au-delà des mots.
2. Spiritualité juive
Le silence peut être un signe de sagesse (Proverbes 17:28 : « même le sot, s’il se tait, passe pour sage »).
Le mot selah invite parfois à une pause méditative.
La kabbale souligne que le silence (shetikah) est un canal d’union avec l’Infini, car ce qui dépasse les mots ne peut qu’être gardé dans le silence.
3. Islam
Le Coran ne prescrit pas directement le silence, mais dans le soufisme, il est vu comme une discipline de l’ego.
Les maîtres soufis enseignent que se taire permet d’entendre le souffle divin (nafas ar-Rahman), et que la parole doit être rare, pesée, porteuse de vérité.
On dit : « Le silence est l’ornement du sage, mais il est la prison du sot. »
4. Hindouisme
Le silence est lié à Mouna (le vœu de silence), pratiqué par les yogis et les sages.
Il n’est pas absence de son, mais plénitude de l’être.
Dans les Upanishads, le mot ultime pour désigner Brahman (le Divin) est… le silence, car l’Absolu est au-delà des mots.
Le mantra Om lui-même finit par s’éteindre dans un silence qui représente l’infini.
5. Bouddhisme
Le Bouddha garda le silence sur certaines questions métaphysiques (comme l’origine du monde), car se taire était plus juste qu’une réponse trompeuse.
Dans le zen, le silence est un outil de méditation (zazen) : il est espace de clarté et de présence pure.
Le silence est vu comme la nature même de l’esprit éveillé, libre des bavardages mentaux.
6. Traditions amérindiennes
Le silence est une langue sacrée.
Il permet d’écouter la terre, les ancêtres, les animaux, les vents.
Dans les conseils, celui qui parle peu mais avec profondeur est respecté, car le silence prépare une parole juste.
7. Philosophies et spiritualités modernes
Dans les pratiques de pleine conscience, le silence est cultivé comme un retour à soi et à l’instant présent.
Dans toutes les cultures, le silence n’est pas un simple vide.
Il est présence (de Dieu, de soi, du cosmos).
Il est médecine (purifie l’ego, apaise l’esprit).
Il est passage (vers l’infini, vers l’essentiel, vers l’âme).
C’est à la fois un retrait et une révélation.
Le silence dans les traditions africaines
En m’identifiant à mes racines africaines, j’ai voulu approfondir encore plus.
1. Dimension communautaire et sociale
Dans beaucoup de sociétés bantoues, le silence est signe de respect et de sagesse.
Un proverbe kikongo dit : « Muntu mukata ndinga, mukata mambu » → « L’homme qui coupe la parole coupe la relation. »
Se taire, c’est reconnaître la parole et le souffle de l’autre.
Le silence d’un ancien ou d’un chef est porteur d’autorité : sa parole sera donnée au moment juste.
2. Dimension spirituelle
Chez les Bantous, le silence est relié au mystère de l’invisible.
On dit que les ancêtres parlent dans le silence : à travers les rêves, les intuitions, les signes de la nature.
Dans les rituels initiatiques, une phase de silence obligatoire (mûla) permet à l’initié d’écouter la vie, les esprits, les ancêtres.
Le silence prépare l’oreille intérieure à la Voix du monde invisible.
3. Dimension cosmologique
Dans plusieurs cosmologies bantoues, l’univers est né du Verbe créateur. Mais avant le Verbe, il y avait le silence primordial, plénitude en attente, réservoir des forces vitales.
Garder le silence, c’est se relier à cet ordre originel et retrouver l’harmonie avec la Source.
4. Sagesse africaine
Le silence est une stratégie de vie :
Le sage garde le silence avant d’agir.
Le silence est un bouclier (protéger son intention, éviter la jalousie).
Il peut être un message en soi : refuser de répondre, c’est déjà communiquer.
Proverbes africains :
« Le silence est aussi une réponse. »
« La parole est d’argent, mais le silence est d’or. »
« Celui qui sait ne parle pas beaucoup ; celui qui parle beaucoup ne sait pas. »
5. Parallèle
Comme dans le bouddhisme ou le christianisme mystique, le silence africain est un espace sacré. Mais il est moins centré sur la solitude : il se vit dans le lien avec la communauté et les ancêtres.
Transmuter nos mémoires liées au silence
Après avoir remis les compteurs à zéro et éveillé notre conscience à ce mot, il devient clair que beaucoup de croyances limitantes doivent être transmutées.
Un exercice simple : dresser une liste de la façon dont le silence a été vécu jusqu’à présent.
Quand j’entends « silence », à quoi je pense ?
Quels souvenirs me viennent ?
En écrivant mon premier texte pour le podcast sur le silence, je repensais à ces moments où :
Je vivais des abus de pouvoir à l’école, avec la manipulation émotionnelle du style : « On lui parle / on ne lui parle plus. »
J’étais au foyer ou à l’internat sans nouvelles de ma mère, pareil lors des colonies de vacances.
J’ai été frappée pour être réduite au silence.
Pour beaucoup, le silence a été un outil de soumission, plutôt qu’un outil de connexion à soi, aux autres, au divin.
Le silence comme allié
La transmutation commence toujours par la prise de conscience, suivie de l’acceptation sans jugement. Ces deux étapes ouvrent la voie à une intention claire : transformer. Et notre parole, sous forme de prière, de décret ou de déclaration, devient un Verbe vivant, capable de transformer notre histoire personnelle en légende vivante.
Ce processus est particulièrement essentiel pour les femmes. La thyroïde, la rétention d’eau, l’alimentation compulsive : autant de conséquences liées à des mémoires de silence imposé.
À l’école, on apprend d’abord à se taire.
Dans l’histoire collective, la femme qui exprime sa douleur est souvent jugée « faible », « chochotte »…
La société moderne, façonnée par un patriarcat toxique, valorise le bruit et l’excès : informations, nourriture, relations…
Et si nous n’avions plus d’horloges, que deviendraient les notions de productivité et de perfection ?
Nous voilà en 2025, à réapprendre à nous taire, à faire taire les mémoires qui crient dans nos esprits. Nous découvrons que le silence est l’espace le plus puissant pour être soi et être avec soi. Qui est ce soi ? La part du divin en nous.
Trois mantras avec EFT
Ce sont des mantras que j’ai utilisée avec la respiration consciente pour me reprogrammer.
Je suis en sécurité dans le vide fertile de la vie.
Je me sens protégée dans le silence et face au silence.
Le silence est mon allié sacré.
Je sais que ce courrier vous est et continuera d’être bénéfique dans l’écriture de votre vie.
Je vous souhaite paix et alignement total, dans l’amour et la douceur.
Princesse TCHASSI
Penseuse du nouveau monde

